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Prisca Huguenot

4 février 2025
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Deepseek sous surveillance en Suisse

Deepseek et la protection des données : une IA sous le feu des projecteurs.

Source : Google Store

L’intelligence artificielle (IA) chinoise Deepseek fait beaucoup parler d’elle ces derniers temps. Après son interdiction en Italie pour non-respect des règles de protection des données, ce chatbot suscite désormais des interrogations en Suisse. Si l’Italie a pris des mesures drastiques en bloquant l'accès à cette technologie, la Suisse, plus prudente, évalue actuellement son conformité avec les lois helvétiques en matière de protection des données.

Pourquoi Deepseek pose problème ?

L’Union européenne et la Suisse appliquent des réglementations strictes en matière de protection des données. Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) en Europe et la Loi fédérale sur la protection des données (LPD) en Suisse imposent aux entreprises des obligations claires :

  • Informer de manière transparente sur l’utilisation des données
  • Collecter uniquement les informations strictement nécessaires
  • Garantir que les données ne soient pas utilisées à d’autres fins que celles prévues

En Chine, cependant, le cadre légal et éthique entourant la collecte et l'utilisation des données personnelles est beaucoup plus permissif. C'est ce qui inquiète aujourd'hui les autorités suisses et européennes, qui craignent que Deepseek ne respecte pas les standards occidentaux en matière de confidentialité.

Le PFPDT sur le qui-vive

En Suisse, la question est désormais entre les mains du Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence (PFPDT), qui suit de près l'évolution de la situation. Selon Silvia Böhlen, porte-parole du PFPDT, aucune interdiction n’a encore été prononcée, mais des mesures administratives pourraient être envisagées si des infractions sont constatées.

Le PFPDT rappelle que les entreprises opérant en Suisse doivent respecter trois principes fondamentaux :

  1. Le principe de transparence : Les fournisseurs doivent informer les utilisateurs de manière claire sur la manière dont leurs données sont traitées.
  2. Le principe de proportionnalité : Aucune donnée ne doit être collectée au-delà de ce qui est strictement nécessaire.
  3. Le principe de limitation de la finalité : Les données doivent être utilisées uniquement pour l’objectif précisé à l’utilisateur.

Si Deepseek ne respecte pas ces obligations, le PFPDT pourra exiger des ajustements et, en dernier recours, envisager des restrictions d’accès voire une interdiction du service en Suisse.

Vers une première interdiction en Suisse ?

Jusqu’à présent, aucune application ni service numérique n’a jamais été interdit en Suisse pour des raisons de protection des données. Cependant, la situation actuelle avec Deepseek pourrait ouvrir une nouvelle ère de régulation pour les outils d’intelligence artificielle provenant de pays aux normes de confidentialité différentes.

En parallèle, l’Italie a déjà franchi le pas en bloquant l’accès à Deepseek, ce qui montre une tendance plus stricte en Europe face aux IA étrangères ne respectant pas les règles de transparence.

Quel avenir pour les chatbots IA en Suisse ?

L’autodétermination en matière d’information étant un principe clé en Suisse, chaque utilisateur reste libre d’interagir avec Deepseek, mais à ses propres risques. Toutefois, les entreprises suisses qui traitent avec ce chatbot devront se conformer aux réglementations locales sous peine de sanctions.

La Suisse pourrait bientôt revoir sa stratégie face aux IA internationales et renforcer ses contrôles sur l’exploitation des données personnelles. L’affaire Deepseek est un test grandeur nature qui pourrait façonner l’avenir des réglementations suisses sur l’IA.

 

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